
Elles sont bien embêtées les agences de voyages, avec cette histoire de chèques de garantie qu’on ne peut plus déposer pour… avoir droit à des vacances.
La Presse — Le premier responsable de ces agences est monté au créneau et a souhaité que l’on trouve une solution.
Quelle solution? Et pourquoi ne pas en trouver pour les autres secteurs qui ont les mêmes problèmes ? Ou encore, c’est peut être à elles de la trouver cette solution.
En fin de compte, ceux qui ont toujours assuré que les Tunisiens vivaient au-dessus de leurs moyens n’avaient pas tort.
Ils ont quand même oublié que «l’État-providence» n’est plus d’actualité. Il faut apprendre à compter sur soi-même, dans tous les domaines. Il y aura forcément des traditions, le plus souvent mauvaises, qui céderont le pas à plus de réalisme et de bonne conduite. Si je n’ai pas les moyens de faire quelque chose, je m’en abstiens. C’est simple. Les banques, la poste, les Caisses, les mutuelles, sont prêtes à prêter de l’argent, mais cela fait des engagements qui pèsent en fin de mois. La retenue à la source est ferme, alors qu’un chèque de garantie peut toujours être repoussé au mois d’après.
En fin de compte, lorsque l’on facilite ces arrangements, on rend de mauvais services. En effet, d’une part, le Tunisien se plaint des prix qui augmentent, des habits qui sont hors de portée, du transport avec les taxis qui n’en font qu’à leur tête, mais jamais des prix des billets d’avion qui eux augmentent de jour en jour.
Sur la route menant au centre-ville, une agence de voyages où nous avons demandé comment cela marchait. L’agent de service nous montre d’un geste circulaire l’ambiance qui y règne. En fait, il n’avait pas besoin de parler. L’agence s’est sans doute engagée à faire des économies d’énergie en réduisant la facture d’électricité. Les trois agents, dans une semi pénombre, taquinaient leurs ordinateurs.
«A cette même époque, l’année dernière il nous a fallu ajouter des chaises pour ceux qui attendaient leur tour. Cette histoire de chèques a tout changé. Les gens ne savent plus quoi faire. On a essayé d’introduire des paiements échelonnés par traites. Mais cela n’est pas valable pour tout le monde».
Autant dire que la confiance n’est pas encore de rigueur.
Et pour notre part, nous avons pris cette mauvaise habitude qui consiste à foncer tête baissée dans des dépenses que le budget familial est incapable de supporter.
Mais pourquoi dès lors, aller en vacances si on n’a pas prévu de le faire ?
Ceux qui viennent chez nous par millions n’ont pas ces problèmes.
«Le budget vacances est provisionné tout au long de l’année. C’est comme le font les grandes sociétés qui, en fin d’année, mettent sur un compte spécial un pourcentage de leurs bénéfices pour rénover le matériel roulant ou les machines. Cela allège les investissements ultérieurs à faire. Chaque mois, mon épouse et moi, nous prélevons une somme sur nos pensions de retraite. Cet argent demeure intouchable, l’année durant. Sinon pas de vacances. Cette provision vous évite les problèmes et fixe les lignes rouges, nous précise notre interlocuteur, que le patron de l’agence a bien voulu nous passer au téléphone. Il vient régulièrement à Korbous pour des bains et des cures spécialisées.
Autrement dit, il y a moyen de régler cette question de chèques. Il ne faudrait plus tout simplement en donner lorsque l’on n’a pas de moyens et s’organiser.
Bien des familles n’iront pas en vacances cette année. Elles iront l’année prochaine, mais les intérêts d’une famille sont bien dans sa quiétude et son harmonie et non pas dans les souvenirs de vacances.